La rentrée
Pierre Ruaud |
L’automne On
voit tout le temps, en automne, Lucie Delarue-Mardrus |
Les trois noisettes
Trois noisettes dans le bois Tout au bout d'une brindille Dansaient la capucine vivement au vent En virant ainsi que filles De roi. Un escargot vint à passer : "Mon beau monsieur, emmenez-moi Dans votre carrosse, Je serai votre fiancée" Disaient-elles toutes trois. Mais le vieux sire sourd et fatigué, Le sire aux quatre cornes sous les feuilles Ne s'est point arrêté, Et, c'est l'ogre de la forêt, je crois, C'est le jeune ogre rouge, gourmand et futé, Monseigneur l'écureuil, Qui les a croquées Tristan Klingsor
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Mois d’automne
Septembre est rond comme un raisin voici les grains et leurs pépins Le mois d’octobre a pour champions les champignons les potirons Novembre a froid il met des gants aux doigts du vent et des enfants Quant à décembre il ne dit rien Noël revient dans les sapins |
Les mois
J’ai mis dans mon panier Pour commencer l’année La neige de janvier Le froid de février Mars et ses giboulées Avril et son printemps Mai son brin de muguet Et de juin la St Jean Le soleil de juillet Août et ses moissons Septembre et ses cahiers Octobre et champignons et la pluie de Novembre Les cadeaux de Décembre Mais une année c’est bien trop court Et mon panier est bien trop lourd Pour le porter j’ai de la peine Je ferais mes courses l’année prochaine… Je ferai mes courses quand ça, quand ça? L’année prochaine Yvon ETIENNE
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Les douze mois
Voici les douze mois, Ils marchent trois à trois ! Avec son chapeau blanc de neige, Janvier mène le cortège. Et février sur le même rang, A honte d'être si peu grand. A ses côtés ; c'est mars, fantasque, Le nez mouillé par la bourrasque. Voici les douze mois, Ils marchent trois à trois ! Admirez avril qui s'avance, Son bonnet de fleurs se balance. Mai, joyeux, lui donne le bras, Vêtu de rose et de lilas, Et juin, les tempes vermeilles A des cerises aux oreilles. Voici les douze mois, Ils marchent trois à trois ! Sur le chemin sec, juillet trotte, Il a du foin dans chaque botte, Août s'en va couronné de blé Et par la chaleur accablé. Et septembre titube et joue Avec des grappes sur la joue. Voici les douze mois, Ils marchent trois à trois ! Octobre porte sur la tête La pomme à cidre et la noisette. Novembre, dans ses maigres bras, Tient un tas de vieux échalas, Et décembre ferme la marche, Triste et froid comme un patriarche ! Salut les douze mois Qui marchent trois à trois ! Octave AUBERT
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La cigale et la fourmi
La Cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. "Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'Oût, foi d'animal, Intérêt et principal. " La Fourmi n'est pas prêteuse : C'est là son moindre défaut. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. - Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. - Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien! dansez maintenant. Jean de La Fontaine
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Le corbeau et le renard
Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois." A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute." Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Jean de La Fontaine
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La grenouille qui veut se faire
aussi grosse que le boeuf.
Une Grenouille vit un Boeuf Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : "Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point.". La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages: Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. Jean de La Fontaine
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