Nos poésies

La rentrée


Je voulais dans mon cartable
Emporter mes châteaux de sable,
Mon cerf-volant, des coquillages
Et le portique de la plage

Maman m'a dit
C'n'est pas permis
Et puis tout ça
Ca n'rentre pas !

Alors j'ai pris un beau stylo
Pour le goûter quelques gâteaux
Et que des choses raisonnables.
Plus trois petits grains de sable !

Pierre Ruaud


L'automne

L’automne

On voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne ,
C'est une branche tout à coup ,
Qui s'effeuille dans votre cou.
 
C'est un petit arbre tout rouge,
Un , d'une autre couleur encor ,
Et puis partout ,ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
 
Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.

Lucie Delarue-Mardrus

Les trois noisettes

Trois noisettes dans le bois
Tout au bout d'une brindille
Dansaient la capucine vivement au vent
En virant ainsi que filles
De roi.

Un escargot vint à passer :
"Mon beau monsieur, emmenez-moi
Dans votre carrosse,
Je serai votre fiancée"
Disaient-elles toutes trois.

Mais le vieux sire sourd et fatigué,
Le sire aux quatre cornes sous les feuilles
Ne s'est point arrêté,
Et, c'est l'ogre de la forêt, je crois,
C'est le jeune ogre rouge, gourmand et futé,
Monseigneur l'écureuil,
Qui les a croquées

Tristan Klingsor


Mois d’automne

Septembre est rond
comme un raisin
voici les grains
et leurs pépins

Le mois d’octobre
a pour champions
les champignons
les potirons

Novembre a froid
il met des gants
aux doigts du vent
et des enfants

Quant à décembre
il ne dit rien
Noël revient
dans les sapins
Nouvelle année
Les mois

J’ai mis dans mon panier
Pour commencer l’année
La neige de janvier
Le froid de février
Mars et ses giboulées
Avril et son printemps
Mai son brin de muguet
Et de juin la St Jean

Le soleil de juillet
Août et ses moissons
Septembre et ses cahiers
Octobre et champignons
et la pluie de Novembre
Les cadeaux de Décembre

Mais une année c’est bien trop court
Et mon panier est bien trop lourd
Pour le porter j’ai de la peine
Je ferais mes courses l’année prochaine…
Je ferai mes courses quand ça, quand ça?
L’année prochaine

Yvon ETIENNE
Les douze mois

Voici les douze mois,
Ils marchent trois à trois !

Avec son chapeau blanc de neige,
Janvier mène le cortège.
Et février sur le même rang,
A honte d'être si peu grand.
A ses côtés ; c'est mars, fantasque,
Le nez mouillé par la bourrasque.

Voici les douze mois,
Ils marchent trois à trois !

Admirez avril qui s'avance,
Son bonnet de fleurs se balance.
Mai, joyeux, lui donne le bras,
Vêtu de rose et de lilas,
Et juin, les tempes vermeilles
A des cerises aux oreilles.

Voici les douze mois,
Ils marchent trois à trois !

Sur le chemin sec, juillet trotte,
Il a du foin dans chaque botte,
Août s'en va couronné de blé
Et par la chaleur accablé.
Et septembre titube et joue
Avec des grappes sur la joue.

Voici les douze mois,
Ils marchent trois à trois !

Octobre porte sur la tête
La pomme à cidre et la noisette.
Novembre, dans ses maigres bras,
Tient un tas de vieux échalas,
Et décembre ferme la marche,
Triste et froid comme un patriarche !

Salut les douze mois
Qui marchent trois à trois !

Octave AUBERT

Les Fables de La Fontaine
La cigale et la fourmi

La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.

Jean de La Fontaine
Le corbeau et le renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Jean de La Fontaine
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf.

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point.". La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Jean de La Fontaine